Trip-hop en force

En témoignent les deux superbes chansons ci-dessous, Nothing Else, qui semble échappée du premier album de Portishead tant elle est belle et poignante, et Darkroom, aux influences hip-hop plus marqués. Tout cela n'est pas très joyeux me direz-vous mais bon, on ne peut pas non plus écouter Fatal Bazooka toute la journée hein.
Le chef d'œuvre

Et là, on marque une pause et on écoute religieusement Again, la miraculeuse chanson qui ouvre cet album. Aaaaaaah ... (râle de plaisir). Et pourtant, et pourtant, sur le papier, cette chanson était vraiment casse-gueule avec sa durée hallucinante (16 minutes), son penchant vers le rock progressif (pouah !) et son ambition démesurée. Oui, tout cela aurait pu donner un gros magma boursouflé et ultra-prétentieux et non le chef-d'œuvre, l'instant classic (comme disent les anglais) que cette extraordinaire chanson est devenue.
Mon top 3 des meilleurs moments de cette chanson
- Toute l'intro voix/guitare et plus précisément la mélodie IMPARABLE, à 1'20, de la phrase "If I was to walk away / From you my love / Could I laugh again ?". A vous tirer des larmes dis-je (et pour info, ce passage était dans la BO de la série Clara Sheller, si si).
- L'arrivée d'une ligne-de-basse-qui-tue à 5 minutes, frayant son chemin parmi des violons poignants et qui vous fait vous rendre compte que la chanson n'est pas juste magnifique mais également très innovante.
- Le solo d'un instrument non identifié (guitare ? euh ... harmonica ?) à 6'30 qui emmène la chanson sur des terrains ouvertement psychédéliques qui vous rappelleront probablement vos vacances sous LSD en 1972

A côté d'Again, on trouve de très belles chansons sur cet album fondamental : Goodbye, tout en douceur, l'atmosphérique Seamless ou encore Meon, sorte de complainte psyché du mal-aimé à la mélodie si poignante. Et si on ajoute à tout cela une pochette d'album très maligne et noire, on a tout simplement avec You All The Same To Me un des albums les plus importants de la décennie. J'insiste !
La suite

En 2006 sort l'album Lights, qui aura un certain succès en France (étonnamment, ce groupe reste assez sous-estimé dans son propre pays, l'Angleterre) et dont le morceau-phare, nommé Lights également, est à nouveau un long morceau de bravoure, bourré de qualités mais n'atteignant pas selon moi la perfection de Again sus-mentionné. Le voici ci-dessous. Allez, soyons honnête, c'est quand même de très, très, haute volée - et pas très éloigné de Radiohead.

Se remettant perpétuellement en cause, changeant régulièrement de formation, naviguant entre le rock et le l'électro et leurs sous-genres respectifs (prog-rock, rock psyché, trip-hop, ambiant), Archive réussit le paradoxe d'être à la fois précurseur et suiveur. Leur musique, hybride, hypnotique, mutante est pour moi assez symptomatique d'une époque où les frontières musicales sont devenues particulièrement poreuses. C'est en ce sens qu'on peut qualifier ce groupe de post-moderne. Enfin, je crois. Quoiqu'il en soit, toute cette complexité et tout ce talent rendent leur concert à Solidays complètement inratable. Je compte sur vous !
